Année jubilaire, des signes d’espérances dans notre province

  1. Liège – A la Casa Béthanie, une vie avec les personnes accueillies

Au cours de cette année jubilaire sous le signe de l’Espérance nous voulons vous faire partager des témoignages de différentes communautés de la Province, signes d’Espérance pour aujourd’hui.

Nous commençons par le témoignage de la Communauté de Liège à la Casa Béthanie.

Notre communauté est un peu particulière parce qu’insérée au sein de l’Association Casa Béthanie. En passant le porche, nous occupons la petite maison du fond de la cour tandis que la grande maison (sur la droite) est une colocation solidaire entre des femmes qui étaient sans abri et des femmes volontaires (qui, à côté de leur travail ou leurs études, veulent vivre une expérience de vie unique).

Bien sûr, nous aurions pu vous raconter des parcours de femmes de la rue qui, après un petit ou long passage au sein de l’association, ont repris pied dans la vie. C’est pour nous une grande source d’espérance : personne n’est figé dans un parcours de malheurs. Parfois une main tendue au bon moment permet de repartir, de re-susciter des projets, de se relever, de ressusciter…

Mais votre interpellation portait sur l’Espérance chrétienne. Alors nous avons voulu mettre en lumière Ophélia, une de nos bénévoles. Elle est originaire de l’île Maurice et arrivée en Belgique il y a un peu plus de 5 ans à la demande de sa tante devenue veuve. Elle a alors commencé un parcours universitaire en Haute Ecole de Commerce. Comme ça se passait mal avec sa tante et qu’elle ne se voyait pas vivre seule, elle cherchait un autre logement communautaire. Une amie lui a parlé de Casa Béthanie : le projet lui correspondait vraiment. Elle désire vivre simplement avec l’autre telle qu’elle est. Elle dit souvent qu’elle a grandi au contact de ses colocataires… au point de changer d’études qui ne correspondaient pas ou plus à son idéal : elle est maintenant en 3ème année de sciences humaines et sociales. Sa foi lui permet d’accueillir pleinement la personne, sans avoir de projet préconçu pour elle. Chaque rencontre la transforme, la pousse à se poser des questions et à avancer sur son chemin. Comme quand elle parle de Séverine, qui a choisi de quitter la maison pour retrouver la rue et un compagnon violent… « Elle m’a dit qu’elle l’aimait… C’est un choix que je ne peux pas comprendre et qui me rend triste mais que j’accepte. La porte de la maison sera toujours ouverte pour elle, je la considère vraiment comme une amie. Quand elle est partie, son dernier mot a été : je n’ai jamais été aussi bien qu’ici… »

Quand nous rencontrons une dame qui demande à venir vivre à Casa Béthanie, Ophélia participe à chaque fois. Elle se libère, donne de son temps. Ce qui la touche, ce sont les ruptures de liens qu’on vécut les femmes à la rue. « Ça pourrait être moi si je n’avais pas eu de la famille ou des amis pour me soutenir…Je ne me sens pas meilleure ou supérieure, juste chanceuse. Et avec ma foi, avec Dieu, je ne suis jamais seule. »

Comme travail d’étudiante, elle est sacristine dans 2 églises : elle s’occupe du ménage mais aussi la préparation de tout le nécessaire pour les célébrations. Elle n’hésite pas à parler de sa foi et des choix aussi qui en découlent, quitte à se sentir en décalage avec certains de ses amis. « Sortir pour boire, fumer… tout oublier… quel sens est-ce que ça a ? Je veux trouver un homme avec qui vivre ma vie entière, avoir des enfants, partager cet Amour que je ressens. »

Des jeunes adultes engagés, soucieux de l’autre, du bien commun et de l’Autre, nous avons la chance d’en accompagner et soutenir plusieurs au sein de Casa Béthanie. Pour nous, ils sont source d’espérance, d’espérance chrétienne ! Laissons les derniers mots à Ophélia : « Aujourd’hui Casa Béthanie fait pleinement partie de qui je suis. Chaque colocataire est un cadeau, si différente de ce que j’attendais, qui me touche et me dit un peu mieux qui est Dieu. »

Sœur Bérengère, Sœur Marie-Thérèse et Sœur Mary, de la communauté de Liège (Belgique)