Historique des Filles de la Charité de la Grand-Combe – 1855-1984

Située dans le nord du département du Gard, en région Occitanie, la Grand-Combe avait de vastes espaces agricoles : des champs, des châtaigniers et des animaux qui paissaient. C’est au XIXème siècle que la ville s’est développée avec la Compagnie des Mines.
Un Traité du 1er novembre 1854 est conclu entre « le Directeur de la Compagnie des Mines de la Grand-Combe et Sœur Elisabeth MONTCELLET, Supérieure générale des Soeurs de la Charité, M. ETIENNE, Supérieur général de la Congrégation de la Mission… Article 1er – Les Soeurs seront chargées au nombre de dix du service des Hôpitaux de la Grand-Combe et de Champclauson, des visites à domicile dans les deux localités ».

L’ouverture de la Maison des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul est faite le 29 avril 1855. Les archives notent : « Parties de PARIS, Soeur DEMONT et quatre Compagnes ont commencé le nouvel établissement ». C’est à la demande des représentants de la Compagnie des Mines de La Grand-Combe qu’elles s’y sont installées.
Un second Traité est conclu le 17 septembre 1878 entre « la Compagnie des Mines de la Grand-Combe représentée par Monsieur BEAU, Directeur des Mines, et la Supérieure générale des Sœurs de la Charité, les Sœurs Assistantes, Econome et dépensière, toutes quatre Officières, présentent en charge, faisant au nom de la Communauté des dites Filles de la Charité, autorisées par Monsieur Antoine FIAT… Article 1er – Les Soeurs seront chargées au nombre de quatre de la Direction de la Classe et Asile pour les enfants des ouvriers. et employés des Mines de La Levade (Gard) »

L’objectif est la création d’un hôpital de trois œuvres : des visites de malades à domicile et les écoles gratuites. Ces actions paraissent avoir marché de pair, avec insistance de « s’attacher aux familles des mineurs et aux plus pauvres ». Un internat est créé vers 1920, réservé à l’accueil des enfants de mineurs décédés.
La Loi du 30 octobre 1886 oblige, pour l’ouverture d’une école privée, de demander au Maire de la Commune où se situe le local. Le Maire juge si le local est convenable. Il peut faire opposition à cette ouverture.

En 1924, un Cours Complémentaire s’ajoute à l’Ecole Primaire. Puis en 1935, c’est l’ouverture d’une école ménagère, qui est transformée en Ecole Technique Privée en 1953.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1938, un incendie se déclare à la mine du Puits Ricard avec une flamme de 5 à 6 mètres de haut. Grâce à la ténacité des sauveteurs une catastrophe a été évitée. Mais la corporation a perdu deux des siens.

Une Loi du 17 mai 1946 nationalise les Houillères du centre et du midi de la France. La nationalisation des Mines de La Grand-Combe intervient en 1948. Les mineurs peuvent choisir leur école mais ils protestent contre cette loi et décident que leurs enfants n’iront pas à l’école laïque. L’ Ecole « Primaire » et le « Cours Complémentaire » sont séparés de l’Administration des Houillères. La gestion est alors assurée par une Association d’Education Populaire pour l’Ecole Primaire (A.E.P.).
En 1954, les faire-part de décès des Sœurs sont ainsi rédigés : « de la part de Monsieur le Directeur du Groupe Centre des Houillères du Bassin des Cévennes, de Monsieur le Curé et des Soeurs, ses Compagnes ». Ce qui souligne bien la priorité donnée aux Houillères et au Curé.
En 1956, la Communauté comprend 12 Sœurs. La classe enfantine a un effectif de 370 enfants, l’orphelinat 17 filles. L’Ecole Technique donne des cours de coupe, de flou, d’enseignement ménager. Deux cents jeunes participent aux œuvres de jeunesse. Des cercles d’études sont organisés pour les 14 – 17 ans. Quarante Enfants de Marie sont inscrites. Deux colonies de vacances sont organisées. Le Rayon Sportif comprend une centaine de jeunes. Une moyenne de soixante malades par jour sont accueillis au dispensaire pour des piqûres, des analyses, des consultations avec des docteurs (afin de détecter les cas de tuberculose, mais aussi pour le suivi prénatal et la médecine générale). La visite des pauvres est faite par toutes les Sœurs de classe en dehors des heures de classe. Arrivée depuis 20 ans, Sœur HARDY, Soeur servante, est très appréciée des Sœurs et de toute la population. Elle est décédée à Montolieu en 1961.
La Maison a commencé avec 4 Sœurs, puis jusqu’à 14 Sœurs. Dans les années 1960, elles sont 10 Sœurs : plusieurs font la classe. Le Dispensaire d’Hygiène Sociale, tenu par les Sœurs, est très florissant. Le Service des malades à domicile est assuré par deux Sœurs ; d’autres Sœurs sont chargées des œuvres de jeunesse et des catéchismes paroissiaux. Plusieurs Sœurs visitent régulièrement plusieurs malades, infirmes, aveugles, isolés.

La Grand-Combe est un milieu ouvrier où toute la vie gravite pendant de longues années autour des Houillères. La Communauté est intégrée à cet ensemble. Certaines Sœurs sont employées au service des malades à l’Hôpital des Mines, d’autres, dans le bâtiment attenant, dirigent et font la classe à l’Ecole Privée. De nombreuses Filles de la Charité y reçoivent leur formation d’Enseignante. La Communauté réside dans une partie de ce même bâtiment.
En janvier 1961, l’Hôpital des Mines est fermé par la Compagnie des Mines et ne reçoit que pour certains traitements et quelques malades des mines soignés à domicile. Les locaux libérés par l’hôpital permettent l’agrandissement de l’Ecole Technique.
En 1962, la Communauté compte 10 Sœurs : 1 Soeur en service à l’Hôpital – 1 Sœur de 84 ans sans office – 1 Sœur à l’office de la cuisine, de la buanderie et du patronage – 1 Sœur fait les visites à domicile – 3 Sœurs font le Catéchisme (Ecole et Paroisse) – 3 Sœurs sont en mission à l’Ecole (Directrice Ecole La Levade, Classe enfantine,

De 1964 à 1968, les Sœurs organisent des colonies d’enfants chaque année dans des lieux différents : Laguiole dans l’Aveyron, Tréboul dans le Finistère, Camp à la Maison paroissiale de Modane en Savoie, Saint-Privat-d’Allier en Haute-Loire, Camp à Arcizac en Hautes-Pyrénées,
L’évolution se poursuit avec la création d’une section commerciale en 1963. L’Ecole Primaire réservée aux filles, devient mixte en 1968. Le Cours Complémentaire est transféré dans les locaux des Frères des Ecoles Chrétiennes.
L’évolution des temps et les besoins sont à la base de ces diverses modifications. En décembre 1968, à la fermeture de la Maison de La Levade, une Sœur est nommée à La Grand-Combe. Elle assure le service des pauvres et des malades dans les paroisses voisines : la Levade, Champclauson et les environs.
Une classe de Perfectionnement est ouverte en 1969, avec une Sœur qui s’est spécialisée pour cette classe, qui accueille des enfants en difficultés scolaires. En juin 1970, à son tour, l’Ecole Technique n’est plus gérée par la Compagnie des Mines. Une nouvelle A.E.P. est fondée pour en prendre la gestion avec les Sœurs. La 1ère réunion de 16 membres se tient le 29 avril.
L’organisation des Catéchismes paroissiaux se tient en grande partie dans la Maison de la Communauté. Trois Sœurs assurent le catéchisme et font les relations avec les familles. Le mouvement de l’Action catholique de l’Enfance a un centre d’activité dans la maison et rayonne au dehors.


La récession du bassin minier commence dans les années 1960, puis s’accentue. Les Houillères des Cévennes emploient 20 750 salariés en 1947. Ils ne sont plus que 1 500 en 1979. C’est l’exode des jeunes qui partent chercher du travail. La fermeture du Bassin Minier entraîne une baisse de la population.
En 1971, les Sœurs sont situées au centre de la Ville dans une maison des Houillères, au service des mineurs : soins des malades de la silicose, et des malades dans une paroisse voisine. Elles s’insèrent auprès des jeunes et des personnes âgées de la Paroisse. Le manque de travail entraîne le déménagement de la Grand-Combe de familles ayant des enfants.
En 1973, les œuvres sont toutes au service d’une population de mineurs touchés par l’avenir du pays, avenir incertain malgré l’implantation de quelques usines : biscuiterie, usine électronique avec 2 000 ouvriers. L’Ecole reçoit 210 élèves avec 8 enseignants et l’Ecole Technique 225 élèves avec 17 professeurs. L’internat reçoit 17 élèves de 15 à 18 ans. Une cinquantaine d’élèves des deux écoles viennent à la Cantine. Un Centre de Soins et la visite à domicile sont assurés dans la maison et en Ville, tandis que qu’une jeune Sœur exerce le même Office dans les villages environnants.
En 1974, la Sœur Directrice de l’Ecole Primaire est remplacée par une Directrice laïque. Les Sœurs ont en charge la préparation et le service de cantine pour 170 jeunes des Ecoles Primaire et Technique.
En 1979, la Direction de l’Ecole Technique est prise en charge par un laïc. Les formations proposées aux jeunes de l’Ecole Technique évoluent. La formation « serrurerie-ferronnerie » est remplacée par l’option « coffreur-béton ».
Le projet d’une petite implantation de Sœurs ainées n’est pas réalisable, aussi le 4 octobre 1984, la Communauté des Filles de la Charité est fermée.
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(64ème article historique depuis janvier 2020)