La Maison de Charité de Saint Denys de la Chapelle PARIS 18ème (1ère Partie)
La 1ère implantation des Filles de la Charité
En 1636 : installation de Louise de Marillac, avec les premières Sœurs, au village de la Chapelle, après la démolition de la première Maison-Mère, située rue des Fossés Saint Victor, occupée de 1633 à 1636. C’est une maison pour la formation des enfants trouvés, des petites écoles, des Dames de la Charité et une aide aux réfugiés de Lorraine.
Des recherches aux Archives Nationales et dans le cadastre du vieux PARIS, nous amènent à situer le premier logis des Filles de la Charité à l’angle de la rue Max Dormoy et au n° 20 de la place de La Chapelle. Une plaque commémorative porte la mention « Ici séjourna, de 1636 à 1642, Louise de MARILLAC, Co-fondatrice, avec Saint Vincent de Paul, de la Compagnie des Filles de la Charité ». Elle a été posée en 1937, au niveau du 1er étage de l’immeuble actuel et rappelle aux habitants de La Chapelle, le dévouement embrasé du feu de la charité des Premières Filles de Saint Vincent.



En 1642 : abandon de ce village, trop éloigné du centre de Paris pour s’installer au Faubourg Saint Lazare, Paroisse Saint Laurent.
Entre 1846 et 1852 : retour des Sœurs à la Chapelle au n° 68 rue Riquet avec une Ecole primaire, un Ouvroir, des patronages et catéchismes, un Fourneau économique.
En 1892 : les Chemins de Fer de l’Est agrandissent leurs voies d’où une expropriation. La donation d’une bienfaitrice permet la construction d’une nouvelle maison.
En 1895 : inauguration de la Maison rue Jean Cottin avec un Dispensaire, une consultation de nourrissons, un Service social, des soins à domicile, une Ecole ménagère, une école technique et un Internat.
1942 : des locaux vacants rue Charles Lauth permettent un nouveau Centre médico-social, d’abord annexe de la rue Jean Cottin, puis Maison indépendante.
1 – La première implantation des Filles de la Charité
Elle est fixée trois ans après la fondation de la Compagnie des Filles de la Charité. Louise de MARILLAC réside depuis 1633, avec les premières Sœurs, peu nombreuses à l’époque, dans un immeuble de la Paroisse Saint Nicolas du Chardonnet rue des Fossés Saint-Victor. Mais la Communauté s’accroit sans cesse, et l’immeuble devient trop étroit, il est urgent de chercher ailleurs. Après réflexion et recherches, l’attention se porte sur une modeste habitation de la Chapelle Saint-Denys, laquelle a l’avantage de posséder un enclos pour le « petit cheval » dont se sert Louise de MARILAC et ses Filles dans leurs courses de plus en plus nombreuses. Le contrat est passé par Madame GOUSSAULT et, au mois de mai 1636, Louise de MARILLAC s’y installe avec les premières Filles de la Charité.
La Chapelle n’est qu’un modeste village, isolé au milieu de la Plaine Saint-Denys. Cette localité est constituée, comme son nom l’indique, d’un maigre noyau d’habitants, autour d’un sanctuaire dédié à Sainte Geneviève, sur l’antique et fameuse voie romaine qui traverse LUTECE et la relie à de lointaines contrées.
Ce fut avec quelques appréhensions que Louise, la Fondatrice, s’installe dans ce quartier qui lui semble trop éloigné de Saint-Lazare. L’indigence est telle dans cette demeure rustique, que les Sœurs pour se nourrir, en sont réduites à glaner dans la Plaine Saint-Denys de rares navets délaissés par les jardiniers. La misère est singulièrement aggravée par le malheur des temps. On traverse l’époque de la guerre de Trente ans, Paris vit dans une véritable angoisse partagée par la petite communauté. L’armée ennemie approche de l’armée des défenseurs, elle-même peu rassurante. Malgré son dénuement, Louise de MARILLAC ouvre sa maison aux misérables femmes et filles, réfugiées de PICARDIE et de LORRAINE, qui se pressent aux portes. Elle s’emploie à leur fournir le logement et la nourriture.
La première initiative qu’on attend d’elle, est la création d’une « CHARITE ». Mais les familles fortunées n’existent pas à La Chapelle, ce qui double la difficulté. Monsieur Vincent l’encourage néanmoins à s’y efforcer de son mieux. Mais l’œuvre principale de la nouvelle Maison-Mère, reste la formation des Filles de la Charité. C’est le grand souci de la Fondatrice. De son côté, Monsieur Vincent vient une fois par semaine, présider à leur instruction.
C’est encore à ce début, si difficile et si laborieux du séjour à La Chapelle que d’impérieux besoins vont faire de Louise de MARILLAC la mère adoptive des enfants trouvés de PARIS. Il ne s’écoule pas une seule journée qu’on en trouve trois ou quatre cents exposés tant à la ville qu’au faubourg.
Après de longues hésitations, le gros problème à résoudre consiste à trouver le moyen de faire vivre ces pauvres enfants, on se charge d’élever sept de ces enfants abandonnés. En 1638, l’Assemblée des Dames, élève provisoirement à douze, le nombre des enfants trouvés. Pour allaiter ces petits, on se procure une chèvre que l’on voit paisiblement brouter dans l’enclos de la maison. En 1640, on se détermine à adopter tous les petits êtres exposés, quitte à en disperser une partie chez des nourrices à la campagne.
Une dernière œuvre de la maison de La Chapelle, est de recevoir gratuitement les femmes du monde qui ont l’intention de se recueillir pour une retraite. Sans pouvoir se comparer à l’œuvre de Saint Lazare, le nombre des retraitantes est restreint à cause de l’exigüité des locaux.
Mais La Chapelle n’est cependant pas l’idéal. Il y a des incommodités. Louise souffre de maux de tête. Ne serait-ce pas l’air de La Chapelle ? Si cela est, dit Saint Vincent, il faut en sortir au plus tôt. D’autre part, les œuvres de PARIS prennent de l’extension et il faut se rapprocher du Centre pour économiser les forces et le temps.
On cherche alors une maison plus vaste et plus commode, que l’on trouve au Faubourg Saint Lazare. Louise vient s’y installer en 1640 avec quelques Sœurs. D’autres resteront encore une année à La Chapelle, pour y continuer les œuvres commencées. Il semble bien qu’en 1642, les Filles de la Charité quittent définitivement le quartier de La Chapelle.
2 – La deuxième implantation
Il se passe deux siècles avant que les Filles de la Charité reviennent dans le quartier de La Chapelle. Dans la Circulaire du 1er janvier 1852, Sœur MONTCELLET, Supérieure générale, note parmi la liste des 257 nouveaux établissements fondés entre 1846 et 1852, la Maison de la Chapelle Saint-Denys. C’est entre ces deux dates que les Filles de la Charité s’installent au n° 68 rue Riquet. Cette vaste maison, louée à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Est, compte plusieurs bâtiments qui ont bientôt leur attribution propre. Le rez-de-chaussée comprend la cuisine et les pièces réservées à la Communauté. Le premier étage côté rue, bien exposée et agréable, est attribué à un petit Oratoire.
Dans la cour ombragée par de superbes arbres, deux autres bâtiments se succèdent. Le premier réservé aux classes, au nombre de sept, pour les petites filles, et la Chapelle. L’Ecole maternelle est l’une des premières de PARIS à l’époque. L’autre bâtiment est le domaine de l’internat et de l’ouvroir, où futures couturières et giletières s’initient à l’art du travail bien fait, tout en apprenant les devoirs de bonnes chrétiennes et de futures mères de famille.
A l’Asile, premier embryon du Jardin d’Enfants, les petits de plus en plus nombreux, sous l’œil vigilant et maternel d’une bonne Sœur ancienne, qui les appelle « mes Chérubins », ânonnent, avec application les premières lettres de l’alphabet et apprennent à joindre leurs petites mains pour une première prière.
L’œuvre du Fourneau connaît aussi un essor florissant. Chaque jour, plus de 100 soupes chaudes sont servies aux indigents de La Chapelle, aussi nombreux que du temps de la Fondatrice.
En 1877, le 8 décembre, Sœur BEULE, la « grande Supérieure » comme l’appellent les pauvres du quartier, lance l’Association des Enfants de Marie, en suscitant parmi les grandes des classes et de l’ouvroir, un bel élan de ferveur mariale. La petite chapelle, ornée pour la circonstance, est témoin de la donation généreuse de la promotion d’honneur des Enfants de Marie de la Chapelle Saint Denys.
Tout marche bien dans la petite maison de la rue Riquet : le Bon Dieu est aimé et les Pauvres sont bien servis. Il semble que ce bonheur durera toujours. Hélas ! comme tout ce qui est de la terre, cela n’aura qu’un temps.
Déjà, en 1892, on chuchote que la Compagnie des Chemins de Fer de l’Est, projette un agrandissement de ses lignes de banlieue et ces lignes, d’après les plans, doivent se trouver à l’emplacement de la maison des Sœurs. Faudra-t-il, qu’une fois de plus, les Filles de la Charité quittent La Chapelle et abandonnent les Pauvres ?
On prie, on implore le Ciel. Ce n’est pas en vain puisqu’une généreuse bienfaitrice, dont le grand cœur n’a d’égal que la modestie, apprenant l’expropriation dont les Sœurs sont l’objet, offre un legs considérable, pour la construction d’une nouvelle Maison de Charité. L’emplacement est choisi, la première pierre bénite en 1895, et l’on voit sortir de terre la maison de la rue Jean-Cottin.
Le Service des Archives de la Province Belgique France Suisse des Filles de la Charité
(67ème article historique depuis janvier 2020)