Les Filles de la Charité de la Maison de CHATILLON-SUR-SEINE (Côte d’Or)

Les Dames de la Charité et les Filles de la Charité, une histoire vincentienne

Avant 1788, les Dames de la Charité venaient en aide aux pauvres de la Ville. La Présidente, Madame de SAINTE COLOMBE adresse une supplique au Roi pour fonder un établissement de Filles de la Charité à Châtillon-sur-Seine, avec un avis favorable du Maire, M. André DUMONT. Elle acquiert une maison à l’extrémité de la rue de la Juiverie.

Le 5 août 1788, un contrat de onze articles bien détaillés est établi, entre la fondatrice, Madame de SAINTE COLOMBE, et le Supérieur général des Filles de la Charité, Monsieur CAYLA, où il est écrit : « … trois Sœurs et même un plus grand nombre, si besoin est dans la suite, pour servir et soulager les pauvres malades, suivant leur institution… »                   

Cette maison, appelée « Hospice de la Charité », puis « Bureau de Bienfaisance », est dirigée par les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul. Elle comprend : le service des pauvres, la pharmacie, un ouvroir, et une école privée qui fait fonction d’école primaire gratuite, un asile ou école maternelle pour les enfants.

Avec la Révolution, c’est la dispersion des Sœurs. Une soeur est décédée, les deux autres Sœurs, dont la Supérieure, Soeur SOUCIAL demandent asile à un habitant. Elles doivent partir car elles refusent le serment civique à la Constitution du 3 septembre 1791.

Madame de SAINTE COLOMBE meurt le 19 mai 1801, après avoir passé sa vie à faire le bien.    

Après la tourmente révolutionnaire, la Municipalité veut reconstituer l’établissement. Monsieur le Comte de CHASTENAY, et sa fille Victorine, travaillent activement au retour des Filles de la Charité, les chatillonnais ne voulant pas d’autres Sœurs, puisque celles-ci sont celles que Madame de SAINTE COLOMBE a établies. La maison de la rue de la Juiverie est rachetée.

Un nouveau Traité est signé le 4 août 1804 avec la Maison Mère des Filles de la Charité. Le 12 octobre 1804, arrivent par la diligence de Paris, Soeur AOUST avec deux Sœurs, pour le service du Bureau de Bienfaisance et la Marmite des Pauvres. En 1808, les Sœurs créent un ouvroir et un atelier d’apprentissage. Une 4ème Soeur est envoyée pour faire l’école.

Madame de GISSEY, petite cousine de Madame de SAINTE COLOMBE fait l’acquisition d’un magasin dans la rue Neuve, pour servir d’asile au rez-de-chaussée et à l’étage supérieur, de classes et d’ouvroir dans un vaste grenier. Cette bienfaitrice permet l’ouverture de « la Marmite des Pauvres Malades ». Le 17 mai 1813, elle meurt et laisse une grande partie de ses biens à l’Hospice.

Le 22 janvier 1830, Catherine LABOURE arrive comme Postulante à l’Hospice de la rue de la Juiverie. Peu de temps auparavant, alors qu’elle était pensionnaire chez Madame Hubert LABOURE, sa belle-sœur, elle reconnait au parloir de la maison des Sœurs, dans le portrait de SAINT VINCENT DE PAUL, le prêtre qui lui était apparu en songe et lui avait dit la parole célèbre : « Ma fille, le Bon Dieu a des vues sur vous, un jour vous serez heureuse de venir à moi ».

Melle Zoé LABOURE, pendant trois mois porte la robe noire, s’initie à sa vie de servante des pauvres, travaille à l’ouvroir, visite des pauvres, soigne des malades. Elle parcourt les rues de ce vieux Châtillon et prie à l’Eglise St Nicolas et dans la vieille église St Vorles. Soeur SEJOLLES, qui l’a reçue à sa 1ère visite, lui apprend à mieux lire et à mieux écrire. Le 21 avril 1830, Mademoiselle Zoé part pour Paris, accompagnée de Soeur BINAUT, pour y faire son noviciat à la rue du Bac où elle fut favorisée des manifestations de la Vierge Marie.

Vers l’église St Nicolas

En 1842, le Curé de Châtillon, Monsieur PROST, achète une maison pour les œuvres qui prennent de l’extension avec un orphelinat. En 1849, le choléra sévit cruellement dans le Chationnais. Les Sœurs se dévouent pour secourir les malades.

Monsieur GRAILLOT abrite les Sœurs dans sa maison, pendant qu’elles soignent les cholériques de Poinçon- lès-Larrey. Il aime à dire : « grâce aux Sœurs, j’ai été préservé de la maladie ».

En 1853, une nouvelle maison donne le moyen aux Sœurs d’établir une cour, un préau couvert et des salles plus vastes et plus aérées que celles qui existent déjà.

En 1854, une seconde épidémie de choléra surgit. De nouveau les Sœurs sont sur la brèche aidées par un renfort de dix Sœurs envoyées par la Communauté. Le fléau fait une victime parmi les Sœurs.

En 1856, une nouvelle acquisition permet d’établir un dortoir pour accueillir des orphelines.

En 1870, c’est la guerre ! Une ambulance est installée dans la maison des Sœurs.

En 1873, la communauté compte 10 Sœurs. En 1888, M. l’Abbé FREROT, curé de Chatillon-sur-Seine, fait un discours lors du premier centenaire de l’arrivée des Soeurs :

« Parce que de nombreux orphelins y ont trouvé et y trouvent encore des mères, et que plusieurs générations y ont reçu le bienfait d’une éducation chrétienne, cette maison est chère aux cœurs de tous les Chatillonnais, aux riches, parce qu’ils l’ont fondée, aux pauvres, parce qu’ils y trouvent secours et soutien »

Rue de la Gare

La maison est donc vaste après les acquisitions successives. Les œuvres se multiplient. Dans les années 1923, c’est la création d’un patronage de fillettes, puis des réunions pour les grandes jeunes filles.

En 1927, des « Dames pensionnaires » sont accueillies et en 1937, ce sont les « Louise de Marillac ».

Les œuvres se sont maintenues jusqu’en 1939 à l’exception des classes, avec trois Sœurs en moins.

Avec la Guerre de 1940, c’est la destruction de la Ville de Chatillon-sur-Seine et de l’établissement des Filles de la Charité à l’exception des grilles en fer forgé.

Les Sœurs se retirent quelques semaines à Posange près de Vitteaux, en Côte d’Or.

Elles reviennent à Chatillon-sur-Seine en 1941 et sont hébergées dans le bâtiment de la colonie de vacances du 10ème arrondissement de Paris.

Démunies de tout, elles ont beaucoup à souffrir. En 1943, Mademoiselle BARRACHIN offre une maison, rue du Bourg-à-Mont, pour loger les Sœurs et les enfants. Cette maison ne permet pas de loger tout le monde aussi l’orphelinat des « petites » trouve asile pour quelques mois à Gygny dans l’Yonne.

En juin 1945, l’ouvroir devient « Cours d’enseignement ménager » reconnu par décret. L’orphelinat et l’ouvroir sont alors séparés du Bureau de Bienfaisance.

En août 1950, Mademoiselle GOISSSET fait don à la communauté de sa propriété 9 allée des Boulangers. La maison des Sœurs est reconstruite sur ce terrain. Elle est terminée en 1956. Après bien des difficultés, la construction de l’orphelinat ne commence qu’en 1958.

En 1959, c’est l’inauguration du bâtiment pour les internes dont le nombre augmente progressivement. Le cours ménager devient « l‘Ecole Ménagère » avec un début de « Section Commerciale ».

En 1961, l’école est déclarée « Ecole Technique et Ménagère » ; puis l’Ecole Ménagère fait place à « l’Ecole Technique Commerciale ». Les cars de ramassage scolaire font diminuer les internes mais les demi-pensionnaires augmentent, d’où la création d’une cantine scolaire. En 1967, un Contrat Simple est passé entre l’Etat et l’Ecole ; celle-ci prend le nom « Ecole Technique privée Saint Vincent de Paul ».

Faute de relève, après 210 ans de présence, les cinq dernières Filles de la Charité (Soeur Jeanne, Soeur Elisabeth, Soeur Anne, Soeur Agnès, Soeur Christiane), quittent Chatillon-sur-Seine le 17 août 1999. 

Le service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse