Les Filles de la Charité de Stains – 2ème partie

La laïcisation va bientôt porter atteinte à ces œuvres si florissantes. En 1895, la Sœur Directrice de l’Ecole maternelle et les Sœurs doivent laisser les 30 petits enfants qui leur sont confiés à des maîtresses laïques. Quant aux classes primaires, elles ne sont retirées qu’à la mort de Soeur TISSOT en 1899. Ce sont les dernières classes communales du Département de la Seine dirigées par des Sœurs. L’’Inspecteur demande même aux Sœurs de continuer la classe sous la direction d’une Directrice laïque, ce qui ne fut pas accepté.

Sœur CORMON veut bien recevoir dans les classes des pensionnaires, les enfants que leurs parents tiennent à leur confier. A cet effet, elle fait disposer dans la maison plusieurs pièces où sont installées des classes avec un mobilier provisoire qui ne ressemble guère à un mobilier scolaire.

Pendant ce temps, la Commune de Stains fait construire des Ecoles. Des pourparlers s’engagent pour céder aux Sœurs les locaux des anciennes classes communales. Ce qui a lieu en 1900. Des enfants externes y sont reçus de nouveau jusqu’en 1904 où la laïcisation générale n’épargne pas les Sœurs. Les pensionnaires doivent alors fréquenter les Ecoles publiques d’abord, puis ensuite l’Ecole paroissiale. Les Sœurs continuent l’Orphelinat et la visite des Pauvres et malades à domicile.

La Guerre éclate en 1914, un cours est alors ouvert rue P. Huet. Les enfants internes, à l’exception de quelques grandes orphelines, retournèrent dans leur famille. La plupart des vieillards pensionnaires s’éloignent aussi.

Pendant les années de guerre, les locaux scolaires vacants servent de cantonnement aux différentes troupes de passage, entr’autres aux célèbres marins qui devaient périr glorieusement dans les plaines de l’Yser*. La Messe est célébrée dans le préau par l’Aumônier de la Marine. 

* La bataille de l’Yser est l’appellation donnée à l’ensemble des combats qui se sont déroulés du 17 au 31 octobre 1914 et qui ont opposé les unités allemandes qui voulaient franchir le fleuve Yser en direction de Dunkerque, aux troupes belges et françaises qui essayaient de les y arrêter.

En 1918, c’est la réouverture de l’école.

En 1922, une Cité H.L.M. s’établit à STAINS ; la population s’accroit ce qui nécessite de nouvelles œuvres et une action apostolique auprès des familles. Un dispensaire est ouvert pour assurer les soins aux malades et diverses consultations dont une pour les nourrissons.

En 1923, la maison se modernise avec l’installation de l’électricité et du chauffage central au mazout.

La PMI commence à fonctionner sous l’égide de la Mutualité Maternelle dans les petits locaux de la cour en bas. En quelques années 4 consultations par semaine sont ouvertes : 2 pour les nourrissons, 1 pour les prématurés, 1 pour les grands enfants. Il faut changer de lieu, ce sont les locaux de devant de la rue Carnot qui sont aménagés :  salle pour pesées et déshabillage, salle d’attente dans l’ancienne loge et cabinet médical dans le bureau de Sr Supérieure.

Le petit dispensaire s’ouvre en 1924, il faut penser aussi à s’étendre. C’est en 1946 que commencent les travaux.  En 1947 un magnifique dispensaire surgit des vieux recoins vétustes. Durant les travaux, les consultations, pesées, vaccinations se font au 1er étage.

1925, un 1er Jardin d’Enfants est ouvert pour répondre aux besoins.

L’école devient prospère et de nouvelles classes sont ouvertes chaque année.

En 1929, le Jardin d’Enfants compte 80 enfants de 3 à 6 ans. Un cours de Sténodactylo voit le jour.

En 1930, l’école compte 120 élèves et 3 maîtresses.

Jusqu’en 1938, de nouvelles classes sont ouvertes chaque année.

Les colonies de vacances

Avant l’achat de Prélefort (Loiret), les colonies de vacances, pour les internes et quelques enfants du pays, ont lieu à Nacqueville près de Cherbourg (Manche) ou à Pen Bron (situé à l’extrémité de la presqu’île Guérandaise, face au Croisic).

En 1936, la révolution d’Espagne, prémice de fâcheux évènements, et achat de Prélefort (proche d’Orléans). Cette propriété, embellie, rendue confortable va servir de colonie de vacances aux orphelines et aux enfants. Des familles du pays qui y viennent aussi et y rendent de grands services. Durant 4 ans La Familiale envoie des enfants fatiguées puisque la Colonie est reconnue Sanitaire. Une assistante sociale de la Caisse y séjourne et Soeur Marguerite est nommée infirmière.

En dehors des vacances, M. Grimonpont garde la propriété, une vieille dame l’aide dans les soins de la basse-cour. Poules, canards, lapins, vivent en bonne compagnie. Chèvre, âne, moutons, s’entendent bien et provoquent hilarité et récréations inimaginables chez les pensionnaires.

Pendant la guerre, Sr TIBESSART donne asile à des jeunes pour les soustraire des Allemands ; elle accepte aussi un groupe de fillettes juives. Monseigneur COURCOUX* procure un aumônier qu’il obtient des Allemands du camp d’Orléans.

* Durant la Seconde Guerre mondiale, Mgr Courcoux, Evêque d’Orléans, aide des juifs à échapper au nazisme et à la Gestapo et parmi eux, caché dans un petit séminaire à Orléans, le futur cardinal Jean-Marie Lustiger.

En 1944, les Sœurs reprennent la Direction de l’Ecole mais l’Internat est fermé. Les locaux deviennent les classes de l’Ecole professionnelle dénommée par la suite Ecole commerciale.

Après la guerre, sur la demande de Monsieur BINOCHE, dont la famille fut hébergée à Prélefort durant les évènements, Sr TIBESSART reçoit la Médaille de Compagnon de la Libération. La Cérémonie de STAINS est magnifique. Grande Fête, Messe solennelle et chants appropriés à la Mairie ; grande haie par les enfants de l’Ecole toutes coiffées d’un beau nœud de ruban. Mère DECQ, Supérieure générale, Soeur Assistante, Soeur Chastel, Soeur Régereau et d’autres étaient là. Le fils BINOCHE donne un discours très applaudi et décore Sr TIBESSART. Monsieur le Maire donne aussi l’accolade.

L’école est très prospère, elle passe de 450 à 700 élèves de 1964 à 1968.

 « Vu l’âge des Sœurs, la santé et l’impossibilité pour la Province de nous donner d’autres Sœurs, la fermeture de la Maison de Retraite est envisagée…. Le Conseil d’Administration de la Croix Saint Simon, accepte la prise en charge en janvier 1979. La nouvelle Directrice de la maison de Retraite est arrivée le   1er septembre, et les Sœurs en sont parties le 1er octobre… »

En avril 1976, c’est la passation du Dispensaire à la Municipalité.

Septembre 1980, la Direction de l’Ecole et du Collège est confiée à des laïcs : un Directeur pour l’Ecole et une Directrice pour le Collège

Le 28 avril 1985 « la Communauté s’extériorise dans une cité d’un quartier de Stains »

« C’est par fidélité à cet esprit de pauvreté et de proximité avec les autres, qu’aujourd’hui nous, Marguerite-Marie, Marie-Pascale, Cécile et Jacqueline, avons choisi de quitter le 2 avenue Marcel Cachin,   et cela dans la ligne constante de notre esprit et de notre histoire à Stains. 

A partir du 18 mai 1985, nous habiterons à la Cité Salvador Allende au 2, pour être en lien direct avec les gens, partageant la même vie : rencontres, voisins, bruits de l’immeuble, soucis communs…

Chacune de nous gardera ses activités : nous ne quittons pas Stains. Nous essaierons, à notre 8ème étage,  d’être toujours prêtes à accueillir QUI frappera à notre porte. »

31 août 1992 : fermeture de la Communauté des Filles de la Charité de STAINS.

Le service des Archives de la Province Belgique-France-Suisse