L’œuvre des RUCHES à PARIS

Notre œuvre des RUCHES PARISIENNES est née dans le cœur d’une Fille de la Charité, tourmentée par la pensée de voir tant de jeunes filles isolées, en danger, dans Paris. Après la 1ère Guerre mondiale, des jeunes filles arrivent dans la Capitale pour s’instruire ou pour se placer, en général comme « gouvernante ». Souvent faute d’un abri sûr, elles sont la proie « du vice ».

Le 15 octobre 1919, le Cardinal AMETTE (1850-1920) bénissait la maison au 60 rue Notre Dame des Champs Paris 6ème, Ruche n° 1, en donnant pour programme à la Société des Ruches de posséder 20 Ruches, soit une par arrondissement.

C’est ainsi que « L’Association pour le développement des Ruches parisiennes » a été fondée (statuts du 20 juillet 1920). Son objectif est de créer et d’organiser des Maisons de famille fournissant aux Professionnelles isolées de Paris le logement, la nourriture et de saines distractions dans les meilleures conditions possibles de moralité, d’hygiène et d’économie. C’est un devoir social mais aussi une contribution face à la crise du logement.

L’Association s’engage à pourvoir aux dépenses de fonctionnement des Ruches. Elle a un Conseil d’Administration, et tient son Assemblée en juin de chaque année, au 60 rue Notre Dame des Champs PARIS 6ème, en présence des Filles de la Charité, des membres fondateurs, des adhérents et des bienfaiteurs qui participent au développement des Ruches. Le 1er Président est Monsieur le Comte Emmanuel de Las Cases.

L’œuvre des RUCHES permet aux jeunes filles isolées venant à PARIS de préparer leur situation d’avenir, de trouver dans la grande ville un Foyer où elles peuvent retrouver une atmosphère familiale, dans les meilleures conditions de confort et d’agrément. Les Ruches sont créées pour recevoir ouvrières et étudiantes.

Une Société de logements pour personnes isolées est créée, la « Société des Logements ». « L’Association des Ruches parisiennes » collabore avec cette Société d’H.L.M., pour l’acquisition de logements. Deux membres de l’Association des Ruches sont présents dans cette société. Les immeubles sont les biens de la « Société de Logements ». L’Association des Ruches parisiennes est locataire de cette société et les Filles de la Charité sont les gérantes de l’œuvre.

De 1919 à 1930, 8 Ruches seront ouvertes : 6 dans Paris et 2 en banlieue.

En 1922, les trois premières Ruches ouvertes accueillent 359 jeunes filles ; deux nouvelles Ruches sont en formation.

En 1925, ce sont 6 Ruches qui accueillent 611 jeunes filles, en 1926, 510 jeunes filles et en 1927, 407 jeunes filles.

Il n’y a pas assez de Ruches dans Paris. Les Ruches ne donnent pas à plein rendement. D’autres locataires occupent certains locaux.

La Ruche n° 1 au 60 rue Notre Dame des Champs Paris 6ème, est ouverte avec 70 places et reçoit 94 pensionnaires dans l’année. Cette Ruche reçoit des étudiantes de 17 à 21 ans en raison de sa situation dans le quartier latin.

En 1955, un parloir est aménagé en salle d’études. Une fois par mois les pensionnaires de « la Ruche » s’y retrouvent pour préparer la messe avec l’aumônier qui leur donne une instruction afin de soutenir leur vie spirituelle. Pour l’agrément de la table, l’acquisition de nappes « basques » ajoute couleur et joie aux repas en commun. Le rajeunissement se fait peu à peu selon les moyens financiers. Les jeunes pensionnaires sont heureuses et gardent parmi leurs meilleurs souvenirs celui de la RUCHE Notre Dame des Champs.

La Ruche n° 2 au Raincy, est ouverte le 17 mars 1920 avec 60 places et reçoit 103 pensionnaires dans l’année.

Ruche n°1 – Salle de loisirs

La Ruche n° 3 à Champigny, ouverte le 20 décembre 1920 avec 60 places. Elle a peu de pensionnaires car elle est éloignée de Paris. Les jeunes filles ne veulent plus être en banlieue, trop éloignée de leur travail et aussi des distractions qu’elles trouvent à PARIS.

Les Ruches n° 2 au Raincy et n° 3 à Champigny sont fermées avec regret car l’organisation des chambres est très agréable et le bon air du jardin parfait : Champigny en 1927 et Le Raincy en 1930.

La Ruche n° 4 au 185 rue de Charonne Paris 11ème, ouverte le 1er juillet 1921 avec 36 places reçoit 67 pensionnaires. Trois Filles de la Charité y sont à demeure. Elles s’occupent efficacement des Abeilles, en même temps qu’elles dirigent la Crèche de l’Union Familiale. Le bail n’est pas renouvelé ; la maison est donc rendue à ses propriétaires en 1930. Les Sœurs sont transférées au 20 Boulevard Voltaire.

La Ruche n° 5 Boulevard Blanqui Paris 13ème. Les Abeilles sont sous la surveillance des Sœurs de la Rue Bobillot. Cette Ruche accueille des Infirmières de l’Assistance Publique. Mais il s’avère que la surveillance des jeunes est trop difficile sans la présence des Sœurs à demeure.

Pour la Ruche n° 6 à PARIS, pas de précision dans les archives pour l’adresse et les dates. Il y a 12 places, et la Ruche reçoit 20 pensionnaires.  

            En 1926, 13 pensionnaires nous quittent pour se marier et 25 pour rentrer dans leur famille.

            En 1928, 20 jeunes filles nous quittent pour se marier, 6 repartent dans leur pays, ayant terminé leurs études, et 8 repartent habiter dans leur famille, 2 entrent au Couvent.

            En 1929, 303 places dans 6 Ruches seulement.

            En 1930, 20 jeunes filles sont parties pour se marier, 17 dans leur famille, et 11 au Couvent.     

La Ruche n° 7 au 20 Boulevard Voltaire PARIS 11ème est ouverte en 1930, suite à la fermeture de la Ruche n° 4 rue de Charonne ; elle compte 100 places. La maison a été donnée aux Sœurs de Saint Vincent de Paul par Madame MESLIER pour loger les ouvrières parisiennes. Les loyers des boutiques en location reviennent à la Ruche. Elle prend le nom de « HOME SUISSE ». Deux Filles de la Charité Suissesses reçoivent les jeunes filles de leur pays, venues à Paris pour se placer comme gouvernantes.

En 1966, l’œuvre de la Ruche continue de se développer harmonieusement, abritant 60 jeunes employées qui, pour la plupart, après une journée de travail préparent, en soirée, des examens pour l’obtention de diplômes qui leur permettront d’améliorer leur condition de travailleuse par l’accession à une charge plus rémunératrice. Elles trouvent à « la Ruche » les soins maternels et vigilants de deux Sœurs Educatrices, un honnête confort, une table bien préparée, mais aussi les conseils judicieux et le réconfort moral qu’elles savent apprécier. Une quarantaine de « Midinettes » viennent chaque jour, pour le repas de midi, s’ajouter aux habituées et profiter de la bonne ambiance de la Ruche. Monsieur le Curé se félicite des excellents rapports de l’œuvre avec la paroisse et il assure qu’il se fait un beau travail en profondeur : les nombreuses vocations qui en sortent en font preuve, et elles continuent.

En 1972, ce Foyer de jeunes filles est ouvert en priorité aux jeunes de la province en recherche d’une situation à Paris. Sur 5 étages, il peut accueillir 75 jeunes dans des locaux petits mais pratiques et agréables. A midi, un restaurant de 120 couverts regroupe des jeunes de différentes écoles du quartier. Un petit Centre de soins accueille les malades du quartier, avec des soins à domicile et la visite des malades. Cette implantation en plein Paris a sa valeur apostolique. Le Foyer aide à l’adaptation des jeunes de la Province, souvent seules à Paris et l’accueil chaleureux que tout le monde trouve dans la Maison est un témoignage de charité.

Quelques Ruches offrent logement et nourriture aux employés et ouvrières pour 350 à 400 frs par mois. La majorité des Ruches n’ont que les chambres sans pension alimentaire entre 60 et 150 frs par mois.

Ruche n°7 – Bd Voltaire

La Ruche n° 8 au 36 rue Botzaris PARIS 19me, compte 30 places. Cette Ruche des Buttes-Chaumont cesse son activité en juillet 1969.

Vers 1955, la Ruche Botzaris continue sa marche bien vivante comme aux années précédentes. Rien n’est négligé pour donner à ces jeunes employées et ouvrières plus de facilités pour réaliser leur avenir. Quand elles n’ont aucun bagage culturel, aucun métier, les Sœurs aident à les placer selon leurs attraits ou aptitudes, tout en leur conseillant de suivre des cours de perfectionnement. Entre temps, elles arrivent à trouver celui qui doit partager leur vie. Quand ce prétendant est sérieux c’est au parloir que se font les visites. Après leur mariage, le couple revient parfois demander conseil pour l’éducation des enfants et souvent les confie pendant les colonies de vacances.

En 1930, il reste 4 Ruches sur 8 : n° 1 Notre Dame des Champs, n° 5 Blanqui, n° 7 Voltaire, n° 8 Botzaris

Cette Œuvre de Protection de la Jeune Fille ne suffit pas au dévouement des Filles de la Charité qui doivent selon leur vocation soulager toutes sortes de misères. C’est pourquoi dans chaque RUCHE est installé un Centre de Services Sociaux répondant aux divers besoins du quartier : cantine de vieillards, dispensaire, repas de Midinettes, vestiaires. Au service des jeunes filles, les Sœurs font la visite des malades de la Paroisse, la visite des vieillards avec les « Louise de Marillac », accompagnent un groupe de jeunes filles dans l’Association des Enfants de Marie.

L’étiquette « Foyer de jeunes filles » recouvre pour une grande part les belles Œuvres des Filles de la Charité qui s’y dévouent depuis de nombreuses années, appréciées dans tous les milieux.

Durant la période de guerre entre 1940 et 1944, le Conseil d’Administration des Ruches cesse de se réunir en Assemblée générale.

Pendant toute la durée de la guerre, les Sœurs se dévouent pour procurer sans relâche, chaque jour, au prix de grandes difficultés et fatigues, des repas à un grand nombre de familles ruinées du quartier Montparnasse, et de nombreux réfugiés.

Cette œuvre arrêtée en 1945 faute de ressources, reprend un nouvel essor en 1948, grâce toujours aux Sœurs de la RUCHE, aidées par diverses Œuvres de la Paroisse, qui, sous le nom de « MON PLAT CHAUD » distribue chaque jour des repas gratuits à 80 vieillards sous alimentés et familles en détresse.

LES FERMETURES

La Ruche « mère » n° 1 Notre Dame des Champs à Paris en 1963

L’immeuble de la rue Notre Dame des Champs cause de grands soucis ; les poutres qui soutiennent la carcasse de l’escalier sont pourries et l’immeuble s’affaisse très lentement. La Société d’H.L.M. étudie avec les Ruches la solution plus bénéfique : réparer l’immeuble ou le reconstruire. Le recrutement des Filles de la Charité ne peut plus faire face aux besoins des Ruches. La Communauté Notre Dame des Champs partira donc en novembre 1963.

Le Conseil de la Province exprime le regret de voir l’équipe actuelle partir. « Soeur Bertoult et Soeur Jean Gabriel Meynen se sont données bien du mal pour moderniser cette maison qui en avait bien besoin. Elles ont maintenu un esprit jeune, si nécessaire actuellement, et ont fait beaucoup de bien. Lorsqu’elles partiront elles emporteront tous nos regrets mais aussi notre estime et notre affection ».

Un article du Journal « Montparnasse Mon Village » n° 31 de novembre 1963 « Notre Dame des Champs, notre Paroisse » :

« Tout le quartier vous connaît, et vous connaissez tout le quartier. Ce n’est pas vous qui quittez le quartier, c’est votre immeuble qui vous quitte, et avec vous ce sont les Sœurs de Saint Vincent de Paul qui nous quittent. Cette demeure que vous animiez, abritait 60 jeunes filles, étudiantes pour la plupart, trouvant chez vous non seulement le vivre et le couvert, mais toute la chaleur d’une amitié rare, et tout ceci pour un prix défiant toute concurrence, puisque certaines particulièrement défavorisées ne payaient rien. Cette maison, centre de charité où chacun, dès qu’il était reçu se sentait bien chez soi, ces repas aux pauvres, ces visites à domicile… C’est par milliers que l’on pourrait compter ceux, jeunes et vieux, qui ont bénéficié de la chaleur de votre cœur. Aussi, aujourd’hui, c’est un grand merci que nous venons vous dire de la part de toute la communauté paroissiale. Merci pour ce rayonnement, merci pour cette présence discrète et si féconde au sein des misères de Montparnasse, merci pour avoir toujours si généreusement répondu « oui » aux appels répétés de la paroisse, merci pour vous être si totalement incorporées à la paroisse, au point qu’aujourd’hui nous avons tous le sentiment de voir partir un membre de notre famille ».

Les 2 dernières Ruches (n° 5 Blanqui et n° 7 Voltaire) en 1975

Un remaniement de la Communauté fait un jumelage entre le foyer du 20 Boulevard Voltaire 11ème (Ruche n° 7) et celui du 48 Boulevard Blanqui 13ème (Ruche n° 5). Cette décision entraîne la nécessité de démissionner de « l’Association pour le développement des RUCHES parisiennes ».

De 1919 à 1975, les RUCHES dirigées par les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul, ont été une belle œuvre, utile pour les jeunes filles.

Le Service des Archives provinciales