Émotion et joie à Redon !

L’Association Résistance en Pays de Redon et de Vilaine a organisé une cérémonie, en avril 2024, en mémoire du sauvetage d’enfants juifs lors de la Seconde Guerre mondiale.

Ayant été à Redon de nombreuses années, j’ai été sollicitée par la Province Belgique-France-Suisse pour représenter les Filles de la Charité ce 12 avril. De Longuenesse (Pas de Calais), à Redon (Ile et Vilaine), c’est un grand voyage et une aventure pour moi, aussi Sœur Michèle m’a accompagnée.

Nous vous partageons les « retrouvailles » avec des redonnais et redonnaises, ce vendredi 12 avril à Saint Nicolas de Redon, où nous avons vécu beaucoup d’émotions.

Soeur Jeanne – Neveu d’Annie – Annie – M. le Maire – Fille d’Annie – Nièce d’Annie

Dans une salle pleine, devant nous, étaient M. le Maire de Redon, Annie « l’héroïne du jour », sa fille, son neveu et sa nièce. La parole est donnée à chacun pour évoquer ce temps de « mémoire ». Annie a 83 ans, elle raconte son vécu avec beaucoup d’émotions. Que reste-il dans la mémoire d’une enfant de 3 ans ?

Annie et M. le Maire

« Je ne sais pas si c’était un rêve ou quelque chose que j’avais pu vivre en 1944 » dit Annie.

Un couple juif avec 2 enfants sont accueillis dans une famille de Redon. Le père, tailleur de son métier, est dénoncé et arrêté. Conduit à Auschwitz, il meurt le 18 octobre 1944.  Devant le danger, la famille conseille à la mère, polonaise juive, de se rendre à la Communauté des Filles de la Charité. Elle est accueillie par Sœur Maisonneuve, Supérieure de la Communauté. Sœur Maisonneuve obtient les papiers officialisant l’accueil de la petite fille qui prend un nouveau nom et le prénom, « Annie ». Son frère est dirigé vers une autre communauté.

Ce qui nous a marqué est la vie blessée, enfouie dans le silence total de cette personne de 83 ans. Puis le déversement des larmes, la libération d’une souffrance enfouie, dont on n’a jamais parlé en famille.

Ce fut mon tour de rejoindre le « fauteuil » sur l‘estrade. J’ai partagé avec l’assemblée quelques souvenirs : ma rencontre avec Sœur Maisonneuve à l’hôpital Pontchaillou à Rennes, la veille de sa mort en 1975, le départ de Redon de Sœur Marguerite pour Vannes. Nous avons aussi échangé sur la colonie de Damgan, face à la mer.

« Je crois que j’ai été beaucoup choyée et dorlotée ici en pays de Redon. J’aurais aimé revoir Sœur Maisonneuve et Sœur Marguerite que j’ai beaucoup aimée » dit Annie.

A la fin de la rencontre, c’est la ruée avec des embrassades et le plaisir d’avoir semé quelques graines de joie et de bonheur. La soirée s’achève par un buffet. Puis, un ancien conseiller municipal de Redon nous a raccompagnées.

Sœur Michèle et moi-même étions très émues. Il régnait dans la salle un silence de communion.

EMOTION et JOIE, résument à eux seuls ce temps fort.

Sœur Jeanne et Sœur Michèle